Notre souveraineté alimentaire perdue - 05/09/2012
Communiqué du site association1901.fr :
L'abandon de notre souveraineté
alimentaire :
A la fin du XVIIIème siècle, l’industrialisation
et l’exode rural mettent en place le cadre de la société moderne de consommation. Avec la Révolution industrielle et la croissance des grandes villes, l’homme se trouve brusquement obligé de confier le soin de produire ses aliments à des tiers. Aujourd’hui, la majorité d’entre nous effectue l’essentiel de ses achats alimentaires au supermarché local, c’est-à-dire auprès de la grande distribution qui sert aux consommateurs la palette infinie des produits issus de l’industrie agro-alimentaire.
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Cette industrie oligopolistique a mis sous
coupe réglée producteurs et consommateurs, en organisant des circuits de production d’une immense complexité technologique, sous prétexte de qualité et d’optimisation. En vérité, c’est à la seule logique du profit et de la rationalisation extrême qu’obéissent les organisations industrielles complexes et opaques qui produisent ce que l’on nous donne à manger.
Avec ce changement radical de paradigme, le
modèle alimentaire simple et lisible se trouve remplacé pour la plupart des humains par un autre, opaque et complexe, au terme duquel ce sont des organisations privées à but lucratif qui pourvoient à notre alimentation quotidienne.
Un système complexe et opaque visant à maximiser
le profit :
Orchestrés par la techno-science, ces organismes
peuvent confisquer tous les stades de la chaine de production et de distribution des aliments et conduire la marche vers le "progrès". On nous promet d’accéder enfin à la sécurité alimentaire, un rêve vieux de plusieurs millions d’années, pensez donc : tous les jours, pour chacun suffisamment à se nourrir, sans avoir peur des lendemains.
Or tout ceci n’est que mensonge. Dans les faits,
on ne peut pas faire confiance à ces organisations à qui nous avons aliéné nos libertés les plus fondamentales ; elles sont voraces et arrogantes. Puissamment structurées, elles se sont assurées la maitrise de tout ce qui touche à notre alimentation et la manière dont elle est produite, dans le but unique de servir leurs seuls intérêts financiers et capter des marchés économiques qui pèsent chaque année plusieurs centaines de milliards.
En imposant une complexité toujours plus grande
dans l’élaboration et la fabrication des produits alimentaires, en exacerbant le goût du consommateur pour l’« innovation », en s’enfermant derrière une muraille opaque de normes et de réglementations soi-disant protectrices, le lobby agro-alimentaire et son valet, la grande distribution, sont parvenus à confisquer notre souveraineté alimentaire, pour leur plus grand profit et notre plus grand malheur.
Au XXeme siècle, la « révolution verte » et
la prise de pouvoir du lobby agroalimentaire ont bouleversé le modèle économique de toute la société, un modèle vieux de millions d’années. En trois ou quatre générations, la population d’un pays comme la France, essentiellement rurale qu’elle était et principalement occupée à produire ses aliments, ne compte plus que quelques milliers d'agriculteurs professionnels, moins de 1% de la population, devenus de simples exécutants dans la chaine de valeur des aliments, sans vision, ni contrôle.
Aujourd’hui, l’agriculture conventionnelle
est devenue une vaste machine à transformer des intrants (technologie, pétrole, engrais) en choses à ne pas mettre dans son assiette. Vous n’imaginez pas lorsque vous achetez une simple salade à l’étal de votre supermarché la quantité de CO2 et de chimie qui a été déployée pour obtenir le malheureux légume vert.
Cette confiscation de notre souveraineté alimentaire
apparaît aujourd'hui particulièrement néfaste. Notre système soi-disant moderne et efficace laisse les 4/5 èmes de la population mondiale mourir de faim et empoisonne le reste, en nous submergeant sous le superflu.
L’industrie agroalimentaire épuise les ressources
de la planète, compromettant les marges de manœuvres de nos enfants. Elle fait preuve d’arrogance et s’arroge un pouvoir exorbitant dans la production et la distribution alimentaire qui peut être vu comme une menace pour la démocratie.
Il est urgent de se débarrasser d’un système
qui profite aux seuls intérêts financiers de quelques grands acteurs privés, au mépris de l'intérêt général et de celui des générations futures.
UN OLIGOPOLE QUI COUPE L'APPETIT !
(du magazine Nexus, juillet-août 2012, n°81)
Derrière la profusion des marques commerciales
sur les linéaires des grandes surfaces, se dissimule un oligopole mondial de la malbouffe industrielle. L'infographie ci-dessus, titrée «Un choix illusoire» et réalisée par un contributeur de la plate-forme Reddit, illustre le degré de concentration de ce secteur aux activités hybrides, entre chimie et agroalimentaire.
Des géants Nestlé, Coca ou PepsiCo jusqu'aux
relatifs parents pauvres que sont General Mills & Kelloggs, ces dix entreprises, dont le chiffre d'affaires cumulé avoisine les 500 milliards de dollars, se partagent désormais l'essentiel de nos achats alimentaires.
Un oligopole au goût immodéré pour les
processus
industriels privilégiant les matières premières bas de gamme ou génétiquement modifiées, grand consommateur d'exhausteurs de goût, colorants, conservateurs et autres additifs chimiques qui ont fait de l'alimentation la première cause de mortalité dans les pays développés, devant le tabac ou les accidents de la route !
Avant le repas, on avait l’habitude
de se dire « bon appétit » ; aujourd’hui, il vaut mieux se souhaiter : "bonne chance !"(Pierre Rabhi)
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